À travers le recueil « Marrakech Noir », édité par Yassin Adnan, la célèbre ville marocaine se prête pour la première fois aux codes du roman noir, offrant un visage inédit à ses lecteurs. Marrakech, longtemps célébrée pour sa lumière, sa vitalité et la joie animant la place Jemaa el-Fnaa, se découvre cette fois dans une mosaïque littéraire où la fiction criminelle révèle zones d’ombre, histoires tues et mutations sociales.
L’ouvrage marque une rupture dans la tradition marocaine qui privilégiait les récits scandaleux sur fond de festivités plutôt que l’exploration du crime ou des conflits intérieurs. L’avènement d’une nouvelle ère littéraire voit plusieurs auteurs, réunis sous la direction d’Adnan, s’aventurer sur des territoires inconnus : d’anciennes affaires enfouies sous les remparts aux réalités contemporaines d’une métropole globalisée. Le contraste entre quartiers historiques et nouveaux pôles, les enjeux du tourisme, la pauvreté, la corruption, jusqu’aux situations les plus contemporaines — comme l’immigration ou le refuge face aux crises — tout trouve sa place dans ces pages.
Yassin Adnan, écrivain et figure de la vie culturelle marocaine, orchestre ce projet ambitieux avec une sensibilité particulière, fidèle à son attachement pour Marrakech. Les contributeurs livrent ainsi un portrait complexe et authentique de la ville, où la noirceur côtoie sans l’éteindre l’irrépressible joie marrakchie. « Marrakech Noir » ne se contente pas de révéler les secrets enfouis : il confirme la capacité de la littérature marocaine à se renouveler, à questionner l’histoire et à restituer la vitalité unique d’une cité en perpétuelle (ré)invention.