Plongeant son lecteur dans les années 1960, « Night Train to Marrakech » de Dinah Jefferies transporte l’héroïne Vicky Baudin jusqu’aux montagnes du Maroc, à la rencontre d’une grand-mère inconnue et d’histoires familiales enfouies. Récente diplômée en design de mode à Londres, Vicky débarque à Marrakech portée par l’envie de renouer avec ses racines et de croiser la route du mythique Yves Saint Laurent. Mais derrière le décor coloré et vibrant du Maroc, la jeune femme se retrouve emportée dans un enchevêtrement de souvenirs troubles, de rivalités et de menaces inattendues.
Dans la kasbah isolée de sa grand-mère Clémence, Vicky découvre une famille marquée par l’ombre de la guerre, le silence et les secrets. La confrontation est inévitable : Clémence, taciturne et mystérieuse, craint l’éclatement d’un passé qu’elle s’efforce d’oublier. L’arrivée d’un homme lié à son histoire bouleverse la fragile tranquillité du lieu, tandis que Vicky et sa cousine Bea deviennent malgré elles témoins d’un crime, s’aventurant dans un univers où le danger guette à chaque détour.
Dinah Jefferies pose ici une ambiance de thriller inattendue, loin des sagas purement familiales des tomes précédents. Les tensions politiques qui secouent le Maroc à cette époque, avec l’enlèvement récent du révolutionnaire Mehdi Ben Barka, reflètent l’atmosphère de méfiance et d’incertitude qui plane sur les personnages. Mais la beauté du pays, ses couleurs, ses senteurs, le tumulte de ses marchés et la passion de Vicky pour la mode illuminent le récit, offrant un contrepoint sensoriel à la noirceur des intrigues.
Si les personnages familiers des tomes précédents font une brève apparition, ce roman est avant tout celui de la transmission féminine, entre confrontation, réconciliation et découverte de soi. Clémence, figure froide et tourmentée, se dévoile peu à peu, révélant des blessures anciennes et une force insoupçonnée.
Roman de secrets, de quête identitaire et de suspense, « Night Train to Marrakech » séduit par son décor, la finesse psychologique de ses héroïnes et la tension qui monte jusqu’à la dernière page. Un voyage littéraire vibrant, à l’image du train de nuit qui file vers Marrakech, entre ombres et lumières, espoir et danger.